FAQ ¶
Je suis prêt à laisser du bois mort sur pied ou au sol, mais j’attends une compensation pour les pertes économiques. Où dois-je m’adresser ?
La Confédération et les cantons payent des contributions pour les pertes de revenu. Ces contributions sont versées par hectare et année de contrat pour favoriser le bois mort sur une surface déterminée (réserves forestières naturelles ou îlots de sénescence). Malheureusement, la Confédération ne verse pas d’argent pour le maintien d’arbres isolés (arbre-habitat). Certains cantons ou projets financent toutefois de tels projets. Le mieux est de contacter votre forestier ou le service de votre canton responsable de la biodiversité en forêt.
Il y a beaucoup de branches et de bois mort dans ma forêt. N’est-ce pas suffisant?
En principe, chaque morceau de bois mort est bénéfique pour les espèces xylobiontes. Les branches et les souches, telles qu’on en trouve dans les forêts de production, ne sont plus aujourd’hui une denrée rare, contrairement au temps où l’on se chauffait et cuisinait exclusivement au bois. Les vieux et gros arbres, qui meurent en forêt et se décomposent sur place durant des décennies sont en revanche très rares dans le Jura et sur le Plateau avant tout. De tels arbres devraient être maintenus par des mesures ciblées.
Ne devrions-nous pas utiliser le bois mort comme source d’énergie neutre en CO2 plutôt que de le laisser se décomposer en forêt ?
Autant l’utilisation du bois comme source d’énergie que l’abandon du bois mort en forêt sont favorables à la nature. Dans ce conflit d’intérêts entre protection de l’environnement et protection des espèces, il ne s’agit pas de choisir l’un ou l’autre, mais plutôt de trouver une solution satisfaisante pour ces deux perspectives. On pourrait envisager le compromis de n’utiliser du bois énergie que pour autant que les besoins des saproxyliques soient encore satisfaits.
Pourquoi la valeur écologique du bois mort de grande dimension est-elle plus grande que celle du petit bois mort?
Le bois mort de grande dimension se décompose plus lentement. Il offre donc durant plus longtemps un substrat aux espèces xylobiontes que du bois mort de plus faible diamètre. De plus, les conditions (humidité, température) qui y règnent sont plus stables. Comme de nombreuses espèces ont besoin de plusieurs années pour effectuer leur développement, des conditions stables leurs sont indispensables. Le gros bois mort emmagasine par exemple l’humidité sur une plus longue période, ce qui profite aux amphibiens, aux escargots et autres espèces nécessitant un milieu humide. Le bois mort de grande taille satisfait aux exigences de pratiquement toutes les espèces vivant sur le bois mort, alors que le bois mort de petit diamètre ne peut être utilisé que par une partie des xylobiontes. Les gros oiseaux, par exemple, ne peuvent pas nicher dans des troncs d’arbres morts de faible diamètre.
Comment les espèces vivant sur le bois mort ont-elles survécu à l’exploitation intensive des forêts au 18-19ème siècle?
Vraisemblablement, les espèces qui survivent encore aujourd’hui ont dû se réfugier à l’époque sur quelques surfaces de forêts restées inexploitées. La densité de population de beaucoup d’espèces est devenue très faible, ce qui ne suffit pas pour une survie à long terme. Des espèces autrefois abondantes (par ex. le Lucane cerf-volant) sont devenues très rares dans de nombreuses régions. Il est aussi possible que certaines espèces aient complètement disparu sans que l’on puisse le prouver aujourd’hui. Des observations scientifiques précises ont été peu documentées par les siècles passés.
Si je laisse du bois mort sur place, je favorise le développement du scolyte (bostryche)?
Le scolyte typographe (bostryche) s’attaque le plus souvent aux conifères affaiblis. Un à deux ans après leur mort, les arbres sont trop secs pour le développement des scolytes. Les vieux arbres morts ne présentent donc plus aucun danger en terme de prolifération des scolytes. Il faudrait observer les foyers de scolytes et ne prendre des mesures qu’en cas de menace de prolifération.
Ma forêt croît magnifiquement. Pas besoin de vieux arbres et de bois mort.
En fait, une forêt n’a pas nécessairement besoin de bois mort pour sa croissance. La forêt est toutefois le milieu d’une impressionnante diversité de plantes et d’animaux. Alors que certaines espèces peuvent très bien se passer de vieux arbres et de bois mort, d’autres en dépendent impérativement. De plus, les forêts de montagne se régénèrent mieux grâce au bois mort.
Si je laisse du bois mort sur pied, suis-je responsable en cas de dommage causé à des personnes par la chute de branches ?
Le propriétaire de forêt n’a en principe pas l’obligation d’exploiter sa forêt et les personnes pénétrant en forêt à la recherche de détente ou autre le font toujours à leur propre risque et périls. Habituellement, les personnes lésées sont responsables elles-mêmes pour des dommages subits en forêt. Ceci est particulièrement valable lorsqu’elles ne respectent pas les règles élémentaires de prudence, comme de se promener en forêt lors de tempêtes ou ignorer des panneaux avertisseurs de danger (faute du lésé). En réalité, une responsabilité n’est envisageable que dans le cadre de la responsabilité du propriétaire d’ouvrage selon l’article 58 du Code des obligations (CO; CP 220). Cela signifie que les routes et les chemins constituent des ouvrages selon l’article 58 CO. Le propriétaire de l’ouvrage doit veiller dans la mesure du possible à l’utilisation de son ouvrage en toute sécurité. Le facteur décisif dans l’évaluation du caractère raisonnable des mesures de sécurité est avant tout la probabilité d’un préjudice. Autrement dit, dans les forêts récréatives bien fréquentées, les mesures de sécurité imposées sont tendanciellement plus strictes. Un autre facteur important est la relation financière de la propriété forestière. À cet égard, la responsabilité est moins grande du fait de la gratuité d'accès à la forêt.
N’est-il pas dangereux de laisser traîner du bois mort dans des fossés abrupts ou le long des rivières (risque d’embâcle)?
En cas de crues, les troncs peuvent se mettre en travers et barrer le chemin aux matériaux flottants venant de l’amont. La masse entraînée s’accumule et engendre ce que l’on nomme une "embâcle". En fonction de ce problème, il est judicieux de laisser le cours d’eau libre de bois mort par tronçons, ceci tant d’un point de vue environnemental que sécuritaire. D’autres mesures peuvent être entreprises, telle la construction de dispositifs de rétention. De récentes études ont du reste démontré que lors des inondations d’août 2005, seule une faible part des matériaux emportés était du bois mort, la plus grande partie était constituée par des arbres vivants arrachés.
Le bois mort – sur pied ou à terre – entrave le travail des forestiers. Qui m’indemnise pour ce surcroît de travail?
Des indemnisations n’existent que pour la perte de rendement sur une surface destinée à favoriser le bois mort. Le surcroît de travail pour les surfaces voisines n’est malheureusement pas dédommagé. Afin que le bois mort n’entrave que faiblement le travail en forêt, il est utile de laisser les vieux arbres et les arbres morts en groupe.
En tant que forestier, je suis conscient que le bois mort est important d’un point de vue écologique. Mais je ne peux guère en convaincre les propriétaires privés. Comment dois-je argumenter?
Par le maintien de vieux arbres et de bois mort en forêt, on favorise d’innombrables espèces. C’est pourquoi la Confédération verse des contributions pour la perte de rendement. Ceci ne peut se justifier d’un point de vue purement financier, car l’exploitation est dans certains cas plus rentable. Le propriétaire peut globalement être motivé par sa contribution au maintien de la biodiversité, ou, de manière plus précise, par la conservation d’espèces rares et de valeur, si la présence de celles-ci a été démontrée.
Le risque d’incendie de forêt est grandement accru par la présence de bois mort. Cela ne doit donc pas être écologique.
Le danger d’incendie de forêt joue avant tout un rôle dans certaines régions et dans certaines expositions, en particulier dans les vallées à föhn, les forêts de feuillus au sud des Alpes et dans des secteurs exposés au sud. Le bois mince (branches, feuillage sec) s’enflamme beaucoup plus rapidement que le bois de grand diamètre. C’est pourquoi, dans ces zones, il est préférable de favoriser le gros bois mort, et d’être plus prudent quant au bois mort de plus faible diamètre.